L'exploration des milieux naturels faiblement anthropisés questionne « l’éthique de la virginité », comme l’exposait avec éloquence Axel Kahn lors du colloque « Ensemble, protéger la biodiversité marine : connaître pour agir » en mars 2020. De l’exploration des milieux inconnus, et/ou très faiblement anthropisés, peut résulter leur exploitation, qui est rarement sans conséquence pour la biodiversité et les populations locales.

Cas particulier de « l’éthique du commun », ce sujet est d’intérêt pour INRAE, le Cirad, l’Ifremer et l’IRD. Pour des milieux tels que les grands fonds marins, il se retrouve au centre des demandes de moratoire sur l’exploitation, voire l’exploration, de ces écosystèmes, ainsi que dans les négociations sur la protection de la biodiversité en haute mer. Il permet également de se focaliser sur deux autres milieux soumis à des activités humaines mineures : les forêts tropicales et les régions européennes « désanthropisées ». Enfin, abordée sous l’angle de l’anthropologie, cette saisine peut être étendue à des thématiques à l’interface homme-nature, notamment pour certaines populations humaines qui vivent encore isolées du reste du monde dans les forêts primaires tropicales et plus généralement pour les Peuples autochtones, ou « premières nations », qui entretiennent une relation particulière avec leurs terres et les espaces naturels qu’ils occupent.

En matière d’exploration des écosystèmes faiblement anthropisés, quelles sont les responsabilités des organismes de recherche contribuant à leur connaissance pour leur préservation et leur devenir ? Comment mettre en œuvre et appliquer le « principe de la connaissance différée » qu’Axel Kahn définissait en mars 2020 comme une « extraordinaire prudence respectueuse de ce qui mérite d’être connu, mais que l’on n’a pas encore assez protégé pour garantir que la connaissance n’aboutira pas, sans que l’on sache l’enrayer efficacement et faute d’appropriation collective suffisante, à la dégradation » ? 

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Illustration : Lors d'une plongée sur la dorsale du Pacifique oriental, vers géants Riftia pachyptila et crabes du genre Bythograea, vivant habituellement autour des cheminées hydrothermales. | Crédit : Ifremer